mercredi 6 juillet 2011

Tahiti

Hier je me suis offert un petit cadeau, une carte du monde. Un carte physique, au 33millième, mais de toute façon ce ne sont pas les continents qui m’intéressent, juste les océans. Je me souviens de cette carte des Caraïbes que j’avais mis au mur de ma chambre d’hôtel crasseuse à Paris, quand j’y travaillais pour payer mon voyage. C’est cette grande tâche bleue qui m’avait permis de tenir, à être pour un temps au moins fourmi dans la fourmillière. Les cartes ont parfois cet effet-là...
Aujourd’hui c’est différent. J’ai succombé à ce désir enfantin de marquer ma trajectoire sur la carte. Avec une règle et un stylo-bille, j’ai fait se rejoindre Marseille et Buenos Aires, Santa Cruz et Panama, Granada et les Marquises. J’ai même poussé le vice jusqu’à dessiner le véhicule sur chaque segment important. Un plaisir de gamin mais pourquoi se le refuser? Et puis quoi, je suis fièr, j’ai bien avancé. Je ne dois pas être loin des Antipodes, donc de la moitié de la planète. Sans même parler des aller-retours en Amérique Centrale, j’ai bien dû faire 30 mille kilomètres depuis mon départ de Marseille. 3 ans et 30 mille kilomètres. Le Temps, Madame? Quand on marche sur le Chemin de Compostelle, il arrive ce moment-clé où on bascule d’un besoin d’avancer à tout prix, jusqu’ à un besoin de retenir son pas. On commence à envisager la fin et on ne veut pas que cela finisse. Le net passage où le chemin devient plus important que le but, celui qui fait que Lao-Tseu sourit en se passant lentement la main dans la barbe. 
Je précise tout de suite, je n’ai pas encore atteind ce passage. Je suis arrété à Tahiti pour raisons financières. D’un coté j’aimerais bien continuer vers l’Ouest, de l’autre j’aimerais bien naviguer dans les îles alentours. Je n’ai vu jusque là qu’une cote déserte aux Galapagos et une rangée de cocotiers aux Tuamotu.