Je commence à avoir des pistes pour aller dans les îles. Un chantier de menuiserie à Tetiaroa, enseigner les échecs à Rangiroa. Je vis dans un petit guest house, partageant un dortoir avec des gens n’étant pas plus chanceux que moi. J’ai tout de même un aperçu des îles. En juillet, c’est la grande Heiva de Tahiti où viennent les sportifs et danseurs de tout le triangle polynésien. J’ai vu des groupes des Marquises... Que je n’avais pas vu aux Marquises.
La Heiva de Tahiti n’est pas un attrape-touriste. Les polynésiens sont autant spectateurs qu’acteurs et ils ont un public d’aficionados. C’est le moment où les gens des Gambiers rencontrent les Marquisiens, que les habitants de Moorea parlent avec ceux des Australes, et il y a toujours une place pour un Rapa Nui, un habitant de l’île de Pâques. Ils maintiennent une constance compétition qui va bien au delà que de soulever des pierres. Je suis épaté de la richesse de la culture polynésienne, pour le peu que j’en vois. Je ne m’attendais pas à une telle qualité des chorégraphies. Les chants polyphoniques sont parfois ahurissant de complexité. Ils me paraissent bien un peu criard mais c’est qu’une telle musique s’apprend. Il faut du temps pour en saisir les nuances.
Ce qu’on remarque aussi avec cette Heiva, c’est à quel point les gens des îles sont sains. Ils sont grands et costauds, les femmes rondes et plaisantes. Et il n’y a pas à dire, ces tatouages sont vraiment seyant. Là encore il y a un art véritable, une esthétique unique. J’ai vu de très belles statues tiki en bois mais c’est vraiment dans les tatouages que j’ai vu la plus grande créativité. Une plastique qui curieusement me fait penser aux celtes. Une symbolique très puissante, librement exprimée sur leur corps, une part essentielle de leur personnalité. J’espère un jour mériter le mien.