dimanche 18 septembre 2011

Maupihaa

Des vents capricieux nous en emmenés plus au Nord que prévu jusqu’aux Iles sous le Vent. Nous avons attendu une journée à Raiatera que les alizés reprennent, ce dont je serai le dernier à me plaindre puisque nous sommes ainsi passé au large de Tahaa et surtout Bora Bora, montant sur l’horizon comme une forteresse céleste, sans nul doute le palais d’été de Neptune et Nérée.

Mes séminaristes se sont avérés très sympathiques, Jean un excellent marin et son voilier rapide et maniable (un Shark 45, pour les connaisseurs). Pour preuve l’entrée dans la passe de Maupihaa, dix mètres de large au mieux avec des arètes de corail affleurant des deux cotés et le mascaret de rigueur. On s’est quand même fait des sueurs froides, ce qui fait qu’une fois dans le lagon, on a patrouillé jusqu’à trouver des traces d’habitation dans une île apparemment déserte, pour essayer de connaitre les horaires des marées et le meilleur moment pour reprendre une passe qui ressemble un peu trop à une nasse.
Population: 1 habitant, une vahiné dont la vue m’a fait dire que les temps avaient bien changés depuis l’époque où Bougainville avait été tellement ébloui par leur beauté qu’il avait appelé Tahiti la Nouvelle Cythère. Un autre voilier avait tenté la même folie avant nous et elle était à leur bord, trop occupée  à vider leur cave (deux mois qu’elle était seule dans l’île) pour nous réciter la table des marées. 
Depuis que nous avons quitté les Iles de la Société, l’eau est devenue d’un bleu exquis, indigo, tendant vers le violet quand d’aventure un nuage passe devant le soleil. Une couleur éminement reposante pour l’oeil, comme si cette particulière fréquence avait le don d’apaiser et les sens et l’esprit.
Nous avançons bien. Vent arrière, le capitaine n’hésite pas à mettre toute la toile, génois et trinquette en ciseau, et jusqu’aux serviettes mises à sécher sur les glissières. Une confortable moyenne de huit noeuds avec des pointes allant jusqu à quatorze noeuds quand le bateau part en surf sur les vagues, seulement tenu par la quille. 
Une sensation grisante, qui me change agréablement de C**, qui affalait tout ce qu’il pouvait à la moindre survente, au moindre petit grain à l’horizon, ne laissant du génois que le string d’une danseuse brésilienne. Que dis-je? L’étiquette du string!