L’arrivée aux Tongas fut une plaisante surprise. Je n’imaginais pas voir dans cette région du monde ces falaises rouillées percées de grottes, ce plateau de basalte découpé par la mer qui me rappela immanquablement la baie d’Halong. Arrivés dans le port de Neiafu, nous mîmes le bateau à quai en attendant les douanes mais on nous fit comprendre qu’ils ne viendraient pas avant le lendemain matin. L’heure c’est l’heure et pas de raison que les fonctionnaires tongiens soient différents des autres. Malgré l’interdiction d’aller à terre, chacun est allé faire tranquillement ses courses. J’ai trouvé un cybercafé, bu une bière locale et fait provision de fumigènes, comme disait Gainsbourg. Au milieu de la nuit, un fort vent s’est levé, projetant le bateau contre le quai, au point où le capitaine a décidé de dégager. Après avoir tourné un moment à la recherche d’un corps-mort, il a décidé de jeter l’éponge et nous sommes repartis vers le large, pas mécontent après tout puisque nous avions fait les appros et n’avions pas eu à payer la centaine de dollars que les consciencieux serviteurs du royaume de Tonga comptaient nous soutirer dans la matinée.
Une courte rencontre, mais qui me laisse un souvenir durable et l’envie de revenir plus à loisir naviguer dans cet archipel. Dans la matinée nous sommes passé au large de Late, la plus occidental des îles, juste un volcan posé sur l’eau, qui m’a ramené à la vie que j’ai laissé là-bas, loin, quand je promenais des touristes anglo-saxons en Amérique Centrale et que je leur expliquais la tectonique des plaques, shield volcano, volcans stromboliens, plinéiens, et la ceinture de feu du Pacifique. Avec un peu d’émotion, je me suis aperçu que ce volcan est la première marque, le premier soupçon que je suis effectivement passé de l’autre coté, que j’ai traversé d’Est en Ouest cette large tâche bleue sur les cartes que je leur montrais.