lundi 25 avril 2011

Colon, Panama

Nous sommes au mouillage juste en face du port de conteneurs où l’activité est  intense et passablement bruyante, de jour comme de nuit. Le chemin de fer Panama-Colon transfère d’un océan à l’autre de centaines de conteneurs chaques jours. Je compte en face de moi huit cargos à quai, plus le “Maersk Nairobi” qui vient d’en sortir, probablement à destination de l’Afrique.  Le ballet incessant des cargos, des remorqueurs et des vedettes de pilotes fait valser les voiliers à l’ancre mais ce mouillage est gratuit, sinon pour les services de douche et ramassage des ordures du Nautica. Il semblerait aussi que Shelter Bay, la marina de l’autre coté du canal, soit un vivier à moustiques et qu’on y ait vu récemment plusieurs cas de dengue. Non pas qu’on soit réellement épargné de ce coté-ci mais la myriade d’insectes qui m’ont fait me gifler une bonne partie de  la nuit dernière s’apparentent plus aux zancudos auxquels je suis déjà habitué qu’aux aegyptis et autres anophèles vecteurs de maladies fébrifuges. Tant que le vent souffle on est relativement épargné. Malheureusement, il tombe avec la nuit et alors c’est la curée. Avant de dormir, je m’asperge maintenant copieusement d’anti-moustiques.
Je ne sais pas ce que j’imaginais. Qu’il suffisait de se montrer à l’entrée du canal pour que s’ouvrent les écluses? Francisco, un espagnol qui navigue en solitaire, est là depuis trois semaines et voit son passage retardé de jour en jour. Le fait est que cette villégiature forcée dans un endroit aussi désagréable n’est pas fait pour remonter le moral des troupes. C** y voit une opportunité, dans la mesure où il y a des travaux à faire à bord du bateau. Florent s’amuse moins. Ils ont déjà traversé l’Atlantique et les Caraïbes. La fatigue, l’éloignement, la promiscuité, les Pénélopes qui s’impatientent. Tous deux sont skippers et une traversée depuis le Cap Vert jusqu’à la Nouvelle-Calédonie fera certainement bon effet dans le CV de Florent. 
C** est propriétaire du bateau qu’il rapatrie dans sa nouvelle patrie. Pour lui le challenge est autre. L’amener en bon état sans que cela ne lui coute une fortune. Ne pas non plus y passer trop de temps. Déjà une première tentative depuis la Méditérranée s’est révélée un fiasco pour cause de vents contraires. Ils sont arrivés au Cap Vert trop tard dans la saison pour pouvoir continuer et ceci est le deuxième année. Il a dû payer une somme considérable pour faire garder le My Way en attendant de retrouver les alizés. Chaque jour supplémentaire lui coute et ne lui rapporte pas. Il veut monter des tours autour du Caillou, comme ils l’appellent, mais pour cela il faut d’abord y arriver. 
Le My Way est un ketch fabriqué à Taiwan sous licence américaine. Il est large et confortable mais du coup pas très rapide. Parfait pour le cabotage mais on parle d’une croisière hauturière de plus de mille miles. Depuis le Cap Vert, pratiquement la moitié de la planète.