La Nuit des Calamars Volants pourrait faire un bon titre pour un film de série B. Ce matin le pont en était jonché. Hier soir, l’un d’eux a atterri sur le roof à coté de mon assiette. Sa chance, c’est que je venais juste de finir de manger. Je l’ai saisi entre pouce et index, l’ai regardé droit dans les yeux. Il a agité ses petites tentacules, sans doute pour dire bonjour, et le dialogue humain-calamar s’est arrété là. Je l’ai relancé à l’eau.
On voit souvent des essaims de poissons volants s’enfuir à l’approche du bateau mais il est bien plus rare d’en retrouver un sur le pont, et toujours du coté sous le vent, le coté qui gîte, alors que les calamars arrivent avec le vent. D’où cette constatation, d’un indiscutable intérêt scientifique: Les calamars volent plus haut que les poissons.
Quand bien même une pluie de calamars viendraient remplir nos assiettes à l’heure de l’apéro, mes coéquipiers n’y toucheraient pas pour cause de Fukushima. Même si nous sommes à plus de quinze mille kilomètres du Japon, il n’est pas question qu’ils mangent quoi que ce soit venant de l’océan, faisant bien plus confiance à ce qui sort d’une boite de conserve. Quand on voit comment les choses se passent dans les bateaux-usines et les conserveries, on peut raisonnablement douter de leur choix diététique. Il y a quelques jours j’ai péché une dorade coryphène. J’en ai jeté plus de la moitié - pas de frigo et j’étais le seul à en manger. Depuis j’ai même renoncé à pêcher. Pourquoi tuer un animal aussi splendide si c’est pour le gaspiller?